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DE SUZON.


tenois mes jupons & ma chemiſe qui étoient relevés. Le grenadier, pour ne pas demeurer oiſif, ſortit ſon vit de ſa culotte auſſi-tôt qu’il vit commencer ſa beſogne, & ſe branla. J’étois fort curieuſe de voir ſi le Cavalier auroit le courage de ſupporter long-temps cette douloureuſe opération. Mais nous commencions à peine, lorſque le Gagne-petit parut. Voulant faire part à ceux qui étoient dans le cabaret de la ſingularité de ce ſpectacle, il ſe hâta d’y rentrer en criant : venez, venez voir ; venez donc voir. Pluſieurs le regarderent comme un fou ; mais le plus grand nombre ne tarda point à le suivre, & en un inſtant nous nous vîmes entourés par plus de deux cens perſonnes.

Quoique le frottement de la meule fit faire des grimaces affreuſes au ſoldat, je crois qu’il ſeroit venu à bout de ſon deſſein, ſans l’arrivée imprévue de la bande de Durocher. Les deux ſoldats furent tous deux arrêtés, & j’aurais été moi-même conduite à Saint

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