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MÉMOIRES


chai de lui & lui annonçai à voix baſſe que j’aurois un mot à lui dire en particulier. Il me fit entrer dans un cabinet ; & dès que nous fûmes ſeuls je lui parlai ainſi : l’état où je ſuis réduite vous empêche de reconnoître votre chere Suzon. J’eus à peine prononcé mon nom, qu’il ſauta à mon col & m’embraſſa ; comment c’eſt vous, me dit-il ; & mon cœur ne me l’a pas annoncé ? Que j’ai de plaiſir à vous voir ! Mais dans quel état vous trouvai-je ? Contez-moi donc ce qui vous eſt arrivé, & pourquoi vous êtes retombée dans la miſere. N’y auriez-vous pas un peu contribué ? Avouez-le moi franchement. Je n’eus garde d’en convenir. Je lui fis au contraire une hiſtoire qui étoit tout à mon avantage. Je ne puis, me dit mon cher Nicolas, faire pour vous ce que je ferois ſi j’étais encore garçon. Je ſuis obligé, à présent que j’ai des enfans, de mettre des bornes à ma généroſité. Je ne veux cependant pas vous voir ces guenilles ſur le corps. Voici

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