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MÉMOIRES


pour aller voir ſon pere qui demeure à quatre lieues d’ici, & ne reviendra que ce ſoir.

Raſſurée par tout ce qu’il me dit, je lui laiſſai faire tout ce qu’il voulut. D’abord une chaiſe penchée contre la muraille, nous tint lieu du lit le plus commode. Et je proteſte que l’affaire ne s’en fit pas moins bien. Ceci étoit à peine une foible eſquiſſe de ce que mon amant ſe promettoit de faire ; il me dit de me mettre à genoux : d’incliner le corps juſqu’à terre, & de m’appuyer ſur les deux mains. Ainſi placée, il me baiſa ce qu’on appelle en levrette. Tout en me beſognant il allongeoit ſes mains par deſſus mon dos, ſur le clavier de l’orgue, & jouoit dans les temps néceſſaires. Comme il faiſoit deux affaires à la ſois, je ne ſais dans laquelle il réuſſiſſoit le mieux. Tout ce que je puis dire, c’eſt que j’étois fort contente du mouvement de la meſure ; & ſi dans les piéces qu’il joua, il fit quelque faux ton, je ne m’en apperçus point.

Lorſqu’après une abondante effuſion de