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MÉMOIRES


Piano forte ; qu’il s’étoit même retiré à la campagne à deſſein de donner plus de temps à l’étude de ſon Art.

On imagine aiſément combien cette propoſition me fut agréable. Ce qui me réjouiſſoit le plus, c’étoit de voir que mes deux convives étoient amplement mes dupes, & que mon amant me fourniſſoit lui-même les moyens de le faire cocu ſans qu’il s’en apperçût.

Le lendemain je vis entrer mon Organiſte, qui venoit de la part du Pere Hercule. Nous ne diſputâmes pas long-temps, comme on peut le croire aiſément, ſur le prix que je devois lui donner pour ſes leçons.

Les huit premieres leçons ſe paſſerent avec un air ſi froid de ma part, que j’aurois pu déconcerter toute autre perſonne qu’un Muſicien. Auſſi mon indifférence, loin de le rebuter, ne ſervit qu’à le rendre plus entreprenant ; en un mot, il me déclara ſa paſſion, & me fit voir qu’il vouloit me donner d’autres leçons que de muſique.

Quand