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DE SUZON.


me c’eſt la coutume. Les Officiers parloient de leur état, les Abbés de leurs bonnes fortunes ; les Moines pendant tout ce temps-là ne tiroient point leur poudre aux moineaux, & s’occupoient à me faire leur cour.

Il y avoit entr’autres un Cordelier qui pouſſoit ſa pointe vivement auprès de moi : À la dînée, il me fit des propoſitions très-avantageuſes. Il me dit qu’il me donneroit de l’argent pour louer une petite maiſon dans un village voiſin du Couvent, où il alloit ſe fixer & qu’il m’entretiendroit ſi bien, que je n’aurois qu’à me louer de ſa généroſité, & qu’il feroit ma fortune. L’envie d’être ma maîtreſſe ; la crainte que j’avois d’être renvoyée de chez ma marreine, après une abſence qui avoit dû faire beaucoup de ſcandale, me firent goûter cette propoſition.

Après être convenus qu’il me feroit cent louis de rente, ſans les petits préſens qu’il me promettoit, il fut décidé que les arrhes ſe donneroient à la premiere couchée.