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MÉMOIRES

Lassema, parti quelques jours avant moi pour Paris. J’ai dû engager mes diamants pour faire le voyage. L’argent filait avec une rapidité dont on n’a pas idée. À cet égard on apprend en voyageant ; c’est bien le cas de le dire, et même en restant chez soi, comme M. Choufleuri : et comme lui, on est exposé à des visites de personnes qu’on ne va pas voir, et qui d’elles-mêmes vous reviennent ; oui, vous reviennent… fort cher. J’ai fait cette expérience à mes dépens. Pour bien savoir le prix des choses, il faut connaître la valeur même de l’argent : j’ignorais absolument celle d’un louis. Ce sont des industriels, voire des messieurs de la finance, qui ont fait sur ce point mon éducation. Et vous verrez qu’il faudra encore que je les en remercie !

À Monte-Carlo, je n’ai joué qu’une seule fois. J’avais emporté trente mille francs, et voulais payer mes dettes. Je gagnais peu. J’allais doucement, d’abord. Céline Barrot m’appelait « pintade mouillée » ; pourquoi pintade ? Excès de délicatesse ! Alors je jouai plus gros jeu.