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sa bourse pour affranchir. Peut-être, et c’est évidemment la vérité, a-t-il déposé sa poésie chez moi, dans la boîte aux journaux, où elle s’est confondue avec tant d’autres que je recevais quotidiennement ?

Sa mise râpée, son air déconfit, ses yeux battus m’ont fait appeler le lieu de sa station poétique : le banc des larmes !

Un autre jour, c’était au Bois, mais cette fois à six heures. Je me promenais au pas de mon cheval. Je vois sortir d’un fourré un homme en blouse. Il traverse l’allée solitaire que je suivais, et vient se camper en face de moi, sa pipe dans une main, l’autre main sur son cœur. Je fais faire un détour à mon cheval et passe outre. Quelques pas plus loin, j’aperçois un monsieur, mis avec élégance, qui m’envoie des baisers, avec des façons d’épileptique. Je mets mon cheval au trot, et disparais à un tournant. Là, j’entends derrière moi des voix. Je m’arrête, me retourne, et cachée derrière les arbres, je regarde. Le blousard avait rejoint le gentleman, et tous deux se roulaient par terre. Une scène de pu-