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— Prévenu Cupidon ! pouvez-vous chanter le rôle ?

— Oui, je peux le chanter, comme je chante, sans savoir. J’ai tellement vu jouer la pièce que je connais le rôle par cœur.

Il m’aurait embrassée, s’il n’eût craint de choquer la prima donna… qui pourtant déjà… Songez donc ! le troisième acte avançait ferme…

C’en était fait. J’étais bombardée artiste dramatique, pour faire en public « l’Amour », rôle délicat s’il en fût, au théâtre, et devant lequel avait reculé plus d’une femme du métier. Nestor, qui tournait décidément à l’impresario, me conduisit le lendemain chez Collinvert, le professeur, mari d’Urbine, la grande chanteuse et qui devint amoureux fou de moi.

Quel zèle ! quelle ardeur ! quelle conscience dans ces explications toujours tendrement répétées, toujours docilement accueillies, sur l’amoroso, le crescendo, le rinforzando. Il me serina mon rôle sur le pouce, chantant avec moi, mimant avec moi ; avec moi soi-