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MÉMOIRES

m’engageait à me rendre sans retard à Monte-Carlo, où elle se trouvait dans une maison appartenant au fils du prince de Monaco. — Sans retard ! Force était bien qu’il en fût ainsi ! J’arrivai la nuit chez mon amie, qui, ne pouvant m’offrir l’hospitalité de sa maison, située précisément en face de l’établissement de jeu, m’indiqua, non loin de chez elle, un hôtel tenu par de « braves gens », où je pourrais demeurer bien tranquille, à la condition de ne point me montrer.

Je me suis toujours mal trouvée d’avoir eu affaire aux « braves gens ». Cette locution n’a rien qui me charme. « Les braves gens » sont capables de toutes les petites infamies ; et rien ne me met plus en garde contre les individus que cette qualification sur laquelle ils spéculent les trois quarts du temps avec une édifiante effronterie. Je ne puis dire si ce furent positivement ceux-là — les braves gens de l’hôtel — qui me vendirent. Avaient-ils si grand intérêt à le faire ? J’ai quelques bonnes raisons de croire que non. Quoi qu’il en fût, pas plus tard que le lendemain, je re-