Page:Mémoires de Cora Pearl, Ed. Levy, 1886.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
MÉMOIRES

vieux monsieur décoré, grosses moustaches, triple menton. Il avait dormi tout le temps, et s’était même donné le luxe de ronfler. C’était durant l’entr’acte. Une cause quelconque le réveille. Je l’entends grommeler.

— Sac… bon sens ! — et ses yeux se fixent sur la loge où se tenait Dumont. Puis, il se tourne de mon côté et me dit :

— Connaissez-vous cette particulière ?

Je garde, autant que je le puis, mon sérieux, et lui réponds que c’est Schalder.

— Schalder ? La femme du député ? Belle paroissienne ! puissantes machines ! garçon intelligent ! très intelligent !

Je cherche à lui faire comprendre que Schalder est une artiste, et qu’elle n’a de commun que le nom avec le grand industriel, dont il me parle.

— Ah ! fait-il, en roulant terriblement les yeux. Et le particulier ?…

— C’est le comte Dumont-Barberousse.

— Eh bien ! merci ! reprend mon grognard, pas gêné, le Barberousse, pas gêné ! Il l’embrasse comme du pain.