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MÉMOIRES

mes visites devenues périodiques, j’avais prétexté une foulure au pied. À la vérité, c’était ma fidélité au duc qui avait été un peu boiteuse. Mais le duc était bon « rebouteur », il me le dit en propres termes et se chargea de remettre le pied au pas. Il était, dans certains cas, pour les grands moyens.

Celui qu’il jugea le plus pratique fut une menace d’expulsion, si je ne venais pas au palais. L’affaire valait la peine qu’on s’y arrêtât. Je me disais que l’expulsion était l’atout le plus désagréable qu’il gardât contre moi dans son jeu. J’avoue que je sentais en moi quelque révolte contre ce procédé tout autocrate. Se soumettre ou partir : c’était catégorique. J’étais donc sous le régime du bon plaisir ? Franchement cela ne me plaisait guère. Et mon indépendance ? ma fière indépendance ?… mon Dieu, je la gardais tout entière, après tout. Je pouvais fixer moi-même l’heure de mon exil si l’exil offrait jamais quelque avantage à mon amour-propre ou à mon caprice. Pour le moment, j’avais tout intérêt à me soumettre. Je retrouvai