Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 84 –

il faisait demander des nouvelles de la Parisienne, c’est ainsi qu’il m’appelait ; et je m’empressais de me rendre près de lui et de l’égayer un peu.

J’arrivai à Morlaix à trois heures du matin ; je priai de me conduire au meilleur hôtel, ne connaissant pas le pays. On frappa et l’on réveilla l’hôte, qui vint à ma rencontre en se frottant les yeux. Je lui demandai une chambre et deux autres pour le surlendemain. Il monta, je le suivis. Rendu au premier étage, il ouvrit une porte et me dit : voici une chambre qui est très commode et où vous serez parfaitement. Je m’avançai et reculai aussitôt en jetant un cri ; il y avait un homme coiffé d’un énorme bonnet de coton qui ronflait dans le lit. Est-ce que vous êtes fou ? m’écriai-je, il y a là quelqu’un. — Ah ! pardon, c’est que je ne suis pas bien éveillé et je me suis trompé d’étage. Il me conduisit à la chambre au-dessus, dans laquelle il y avait deux lits que je m’empressai d’examiner. Je congédiai mon hôte, fermai ma porte à double tour et me mis à faire l’inspection de cette horrible chambre, qui tombait de vétusté ; elle ressemblait fort à celles que j’avais vues décrites dans certains romans, et j’avoue que je ne me sentais guère rassurée. Je me déterminai à