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Je fis, en effet, une assez jolie recette. Voici une petite anecdote qui arriva à mon concert. Comme je l’ai déjà dit, l’on n’est jamais prophète dans son pays, et bien des personnes étaient convaincues que ma musique ne pouvait être bonne. — Sur le programme, il y avait, dans la première partie, l’air de Marguerite d’Anjou (de Meyerbeer), et dans la deuxième, grand air de Lully. La personne qui devait chanter ces deux morceaux, au lieu de dire, au numéro indiqué, l’air de Marguerite d’Anjou, dit l’air de Lully. À la fin, il est très-applaudi, et un Monsieur, musicien amateur, qui assistait à ma soirée, dit à l’un de ses voisins : Quelle belle musique ! il n’existe qu’un Meyerbeer. Lorsque notre compatriote en fera autant, ah ! ah ! ah ! ah ! je le lui souhaite. L’un de mes cousins, qui se trouvait derrière ce Monsieur, lui dit : Ma cousine serait charmée, si elle vous entendait, Monsieur, car ce morceau que vous vantez tant est bien d’elle, et non de M. Meyerbeer. Ah ! bien oui, reprit-il (riant toujours), elle est vraiment bien capable de faire de la musique comme celle-là. — Vous n’avez donc point été entendre son opéra ? — Non, certes, reprit-il. — Eh bien ! Monsieur, pour vous convaincre de ce