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vive impression, lorsque l’on exécuta mon premier opéra ici, le lever du rideau m’en occasionna une bien plus forte. La Jeunesse de Lully réussit au delà de mes espérances ; les journaux sont là, qui en font foi ; car, étant privée de fortune, je n’aurais certes pu payer des articles, et j’en ai eu pourtant de bien encourageants. J’en conserve un doux souvenir de reconnaissance à MM. les journalistes. — Lorsque le rideau fut baissé, on demanda de tous côtés l’auteur, et le régisseur vint, au bruit de vifs applaudissements, me nommer. Si j’avais eu le bonheur d’avoir ce succès-là au théâtre de l’Opéra-Comique, je serais aujourd’hui dans une toute autre position que celle où je suis réduite par le mauvais vouloir des personnes qui sont à même de faire réussir et qui y mettent entrave.

En rentrant du théâtre, je t’écrivis, bonne Fanny, pour t’annoncer ma réussite, ainsi que mon arrivée à Brest, comme tu avais eu la bonté de me dire que tu ne voulais pas que j’allasse ailleurs que chez toi.

J’achevai en toute hâte mes préparatifs de départ, et je me mis en route le surlendemain ; je ne puis pas dire sans tambours ni trompettes, car