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vris le rouleau, et lui montrai, à sa grande stupéfaction, que ladite page n’avait point été décachetée. Je le priai alors de dire à M. Basset que je n’étais pas assez simple pour croire ce qu’il me disait, et que cela me décidait à donner une audition publique de mon opéra (la Jeunesse de Lully) comme j’en avais donné une du Jeune Militaire ou la Trahison, opéra que M. Crosnier avait refusé comme étant inexécutable, et que le public, le seul et véritable juge, avait daigné accueillir favorablement.

Je me rendis chez Mlle de Roissy, qui rit beaucoup du tour que je venais de jouer, et qui me dit de lui donner le rôle du nouvel opéra que je voulais faire entendre, et qu’elle s’en chargerait encore avec plaisir. — C’est une personne pleine de cœur et d’excellentes qualités ; fille d’un médecin, elle avait reçu une fort belle éducation ; ayant éprouvé des malheurs, elle fut contrainte d’entrer au théâtre. Je me suis liée d’une vive amitié avec elle et sa bonne mère ; les trouvant à chaque instant de la journée toujours seules chez elles, s’occupant comme de bonnes femmes de ménage. Cet intérieur m’a été très-agréable, et je regrette vivement qu’elles soient fixées aujourd’hui en Italie.