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M. Bousquet, qu’elle connaissait, avait eu à la même époque que moi le poème du Mousquetaire et qu’il allait être représenté sous peu, étant en répétitions. — Chaque fois que je sortais, je regardais en tremblant l’affiche. Un jour que je n’avais point quitté la maison, il vint une personne me voir, je lui demandai ce que l’on donnait à l’Opéra-Comique ; elle me dit : telle et telle pièce. Ah ! le Mousquetaire n’est pas affiché encore ? je respire ! — Le lendemain matin je sors et n’ai rien de plus pressé que d’aller droit à l’affiche. Mais, grand Dieu ! que vois-je ? Seconde représentation du Mousquetaire. Je faillis me trouver mal, et m’en retournai de suite chez moi, suffoquée par mes larmes ; je pleurai toute la matinée. Vers quatre heures, je reçus un paquet de journaux qui annonçaient que cet opéra avait été fort mal accueilli du public. C’est alors que je respirai avec bonheur (ici j’en demande pardon à la mémoire du compositeur) ; mais s’il eût été à ma place il en eût certes bien fait autant. Je formai le projet d’aller à la troisième représentation, mais elle n’eut pas lieu.

J’en reviens à mon procès ; M. le président me donna la parole afin d’expliquer quelles pouvaient