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M. Collet, qui, voulant aussi arriver à l’Opéra-Comique, ne dut pas plus accepter que M. Adam. Alors on se détermina à juger l’affaire sans entendre la musique. — Je reçus l’invitation de me rendre dans le cabinet du président. MM. Crosnier et Dartois devaient s’y trouver ; il n’y eut que ces derniers qui vinrent. J’étais accompagnée d’un ancien avocat, qui me voyant souvent dans une maison, voulut bien s’intéresser à moi.

Le président donna la parole à M. Achille Dartois, qui aussitôt s’en servit pour m’accabler d’injures ; il finit en disant : qu’il fallait qu’une artiste se respectât bien peu pour oser attaquer des hommes comme eux. M. le président fut souvent obligé de lui imposer silence, en le priant de s’observer un peu plus. J’eus ensuite la parole et répondis avec un grand sang-froid (car lorsque le bon droit est de son côté, on en a toujours) : « Il me semble, Monsieur, qu’un père de famille s’est bien moins respecté, en se permettant de faire une chose semblable à celle dont il s’est rendu coupable envers une personne qui avait mis en lui toute sa confiance. » — Ça n’empêche pas, reprit-il avec fureur et m’interrompant, que je dirai partout que votre musique est on ne peut