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ter ; elle en fut satisfaite et me dit qu’elle acceptait un rôle avec infiniment de plaisir, et que de plus, elle se chargeait de trouver, à l’Opéra, de bons artistes pour interpréter les autres. Effectivement, mon opéra fut bien monté, il y avait six rôles. — Je ne pouvais payer pour faire copier mes parties d’orchestre, aussi je veillais tous les jours jusqu’à minuit ou une heure, et copiai ainsi tout mon opéra.

Nous avions déjà fait plusieurs répétitions, lorsque les frères Dartois apprirent que je me disposais à le faire entendre ; ils formèrent aussitôt une opposition. J’allai consulter un avocat qui me fit leur intenter un procès. Voilà donc mes répétitions forcément arrêtées. — Lorsque cette affaire passa au tribunal de commerce, on nomma pour arbitre, afin d’entendre la musique, M. Auber. Je le récusai ; lui, travaillant pour l’Opéra-Comique, il ne pouvait naturellement être contre le directeur, et par conséquent juge. On désigna en second M. Adolphe Adam. Mon avocat fit la juste observation qu’il se trouvait dans les mêmes conditions que M. Auber, mais on le maintint, et je fus lui porter sa lettre. M. Adam écrivit au tribunal pour se récuser. On nomma en troisième,