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me fit revenir de la stupeur dans laquelle j’étais plongée : c’était justement la personne qui avait été au parterre, et qui venait savoir si j’avais appris quelque chose. Oui ! m’écriai-je, voici une lettre qui m’apprend que je suis refusée !… Voyons, mais elle n’est point décachetée ! vous ne savez pas ce qu’elle contient. — Oh ! je n’ai pas besoin de l’ouvrir, je connais d’avance son contenu. J’avais les nerfs dans un tel état d’irritation, que ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que l’on parvint à m’arracher cette fatale lettre. Voici ce qu’elle contenait : « Mademoiselle, mon frère et moi sommes vraiment désolés de la détermination que nous sommes forcés de prendre en vous retirant notre manuscrit ; mais ayant assisté à votre audition, nous avons reconnu que votre musique » était inexécutable. Croyez au vif regret que nous éprouvons, et agréez, etc. Signé, Achille Dartois. »

Mon indignation était à son comble, en voyant qu’ils osaient dire : nous avons assisté à votre audition, et qu’ils n’étaient arrivés qu’au dernier morceau. — Je versai un déluge de larmes, qui me soulagèrent un peu, et le lendemain, mon pauvre esprit abattu se releva, et comme je savais