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que la partition orchestrée de ma cantate. Il devait la remettre le lendemain soir au roi, c’était jour de réception. Le malheur, qui m’a tant poursuivie, lui fit rencontrer, avant d’arriver au salon, M. le baron Fain, qui lui demanda ce que c’était que ce rouleau de musique qu’il portait. M. le comte de Las-Cases lui en apprit le motif. Alors M. le baron Fain lui dit qu’il s’en chargeait et qu’il en faisait son affaire. M. de Las-Cases eut la bonté de m’en faire part, afin que je pusse partager l’espoir qu’il en avait conçu. Au bout de deux jours d’une douce attente, je reçus une lettre portant le cachet de la maison du roi. Mon cœur battait si fort que je manquai de me trouver mal ; enfin ma main tremblante brisa le cachet, et mon pauvre cœur le fut bientôt aussi. En récompense de mes travaux, M. le baron Fain m’écrivait qu’il m’envoyait une somme de 200 francs ; que, pour la médaille, la chose regardait M. le ministre de l’intérieur. — Je fondis en larmes, ma bonne mère ne pouvait me consoler : j’étais désespérée. Nous allâmes porter cette fatale nouvelle à mon cher maître, qui en fut de même bien peiné. Il me dit qu’il fallait faire de suite la démarche près du ministre. M. le comte de Las Cases de nouveau in-