Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 19 –

rite, on le renvoie impitoyablement à l’indéfini !… Il se retire le cœur gonflé, il passe une journée de désespoir ! Mais la ferme et vrai vocation qu’il sent en lui relève bientôt son courage un moment abattu. Il voit au loin une riante aurore, et se remet à son travail avec un plus grand zèle, une plus vive ardeur encore…

Cependant, mes parents prirent une détermination, et mon voyage à Paris fut décidé. Mon père réalisa quelques débris de notre ancienne prospérité, et ma bonne mère et moi nous partîmes, car elle n’eût confié son enfant à personne, et j’eusse renoncé mille fois à mon art chéri plutôt que de la quitter.

Nos adieux à mon pauvre père furent cruels ! Hélas ! nous ne devions plus le revoir ! Une sorte de pressentiment m’en avertit, car je pleurai une partie de la route.