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opéras !… Comment reculer ?… il n’y avait plus moyen ; j’aurais mille fois préféré que cette représentation ne se donnât point. Mais plus d’un motif m’y forçait, et le plus puissant encore était celui-ci : Une personne très-haut placée (que par discrétion je ne dois point nommer) avait eu l’extrême bonté, connaissant l’embarras où je me trouvais (les fonds me manquant pour l’exécution de cette soirée), de m’obtenir de S. M. l’Empereur un encouragement de 500 fr. En ne donnant point cette représentation, j’aurais donc cru manquer à la reconnaissance si vive que je devais à ce généreux protecteur, ainsi qu’à la profonde gratitude que je dois et veux toujours conserver à S. M. l’Empereur.

Les billets ne m’ayant été remis du théâtre que fort peu de jours avant la soirée, il a été impossible d’en placer. Je m’en remis donc à la grâce de Dieu.

La salle était fort bien garnie, malheureusement ma bourse n’a pas été de même ; les frais énormes ont emporté bien plus que la caisse ne contenait. Quand je pense que j’ai donné 160 fr. pour les deux décors que l’on a mis ( ainsi de suite des autres frais).