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Cependant, je devais deux termes : mon brave propriétaire ne me tourmentait pas, mais j’étais entre mon bon et mon mauvais génie, car la femme perfide ne me perdait point de vue : il n’y a pas de calomnie que je n’apprenais journellement qu’elle ne fît sur moi. Elle en dit tant, qu’à la fin, le crêmier me donna congé. Je ne savais où donner de la tête !…

L’hiver se faisait sentir et je me trouvais dans une position des plus critiques, ne gagnant rien, et étant à la charge de cette bonne dame A… Quelle anxiété !… Je voulus essayer de monter une nouvelle représentation au Théâtre-Italien : dans une saison convenable, je pouvais espérer une bonne recette. Je fis la demande de la salle, mais on exigea de suite le dépôt de 1, 000 francs. J’étais loin de les avoir, puisque j’en devais bien davantage. Alors, M. de Saint-Salvi m’engagea à faire faire des billets, et à en placer pour cette somme ; que de cette manière, je serais certaine, à l’avance, de mes frais. Je suivis son conseil, et plusieurs dames s’empressèrent de patronner cette soirée ; mais c’était chose difficile de placer des billets sans qu’on la vît affichée. On n’avait pu encore réunir les premiers 1, 000 francs, et le temps s’écoulait.