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nutes auparavant était la cause de cette mauvaise humeur. — Lorsque je promis à Mlle Bourgeois de la laisser jouer, je pensais que cette soirée pourrait peut-être lui être utile dans la carrière dramatique qu’elle voulait poursuivre. C’était une grande complaisance de ma part, car la tragédie ne peut plaire que lorsqu’elle est jouée par des talents hors ligne. Mme Chilly ou pour mieux dire, Mme Roussette, me disait continuellement que j’avais tort de prendre cette Rachel en herbe, avec ses quarante-sept printemps ; que le public goûterait fort peu ses grandes évolutions. Je lui répondais à cela, chose promise, chose due. Elle avait aussi attiré cette demoiselle chez elle, et j’ai su après, qu’elle cherchait à me nuire dans son esprit, comme elle a voulu le faire dans celui de mes autres connaissances et amies. Ainsi donc, l’opinion qu’elle m’avait manifestée sur Mlle Bourgeois, elle disait à cette demoiselle, confidentiellement, que c’était moi qui pensais cela d’elle, et que mon désir le plus vif était qu’elle ne jouât pas. Voilà pourquoi elle se fit tant attendre, étant dans l’indécision si elle viendrait, oui ou non. — De toute manière elle eût mieux fait de rester chez elle ; primo, pour le public qu’elle a fait attendre jusqu’à près