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tragédie, des fragments de la Giovinezza di Lulli, Simple et Coquette, opéra-comique en un acte, et une cantate. L’exécution de tant de musique, et si peu répétée, me tourmentait et m’effrayait beaucoup, car même, les fragments de mon opéra italien n’avaient point été dits avec l’orchestre.

Je venais de terminer ma toilette, lorsque Mme Chilly descendit chez moi, prête aussi à partir. J’allais envoyer chercher une voiture, lorsqu’elle me dit que c’était inutile, puisqu’elle en avait une. Ne sachant comment la refuser, et ne voulant pas être en reste avec elle, j’acceptai, lui disant que le soir alors je la reconduirais dans la mienne. Tout le long du chemin, me voyant fort émue, elle ne faisait que me prendre la main, en m’appelant chère, et elle venait encore de me trahir comme on va le voir.

On devait commencer à sept heures et demie par la tragédie ; Mlle Andréa Bourgeois n’était point encore arrivée ; on l’attendait avec impatience. Enfin, elle paraît ! Elle a l’air très-contrarié, me répondant fort sèchement lorsque je lui adressais la parole. Je commençais à voir clair, par quelques mots qui lui échappèrent, je compris que cette femme qui me serrait la main quelques mi-