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certain instrument (qui se joue habituellement sans dièze ni bémol). Aussitôt je me rappelle ce qu’on m’avait raconté quelque temps auparavant, de ce nouveau Pourceaugnac, qui allait ainsi sans se gêner, lorsqu’il pouvait ne pas être vu, puiser le bouillon chez ses voisins. — Je m’élance vers la marmite, et la découvre ; Ô ! douleur, il n’était que trop vrai, elle avait sensiblement diminué. Au milieu de l’hilarité que me causa ce trait de mon vieil avare de voisin, je me promis (comme le corbeau), qu’on ne m’y reprendrait plus.

L’opéra que je composais était en un acte, intitulé : Simple et Coquette ; il n’était pas encore orchestré, lorsque M. Pellegrin prit la direction du Théâtre-Lyrique. On lui parla de mes ouvrages, et il promit de venir chez moi entendre ma musique. Je donnai vite les rôles à apprendre ; il n’y avait que trois personnages, il fut fort bien monté.

M. Jules Lefort chanta délicieusement sa partie (comme tout ce qu’il chante). M. le directeur fut très-satisfait de mon opéra, et le dit hautement devant les personnes que j’avais réunies ; il m’engagea à faire de suite l’instrumentation et à lui envoyer le libretto. Malheureusement ce bon di-