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adressa une sévère réprimande, et lui demanda ce qu’elle avait à dire pour sa défense. Alors, élevant la voix elle s’écrit : « Ce sont de faux témoins ! » — Je dois vous rappeler à l’ordre : qu’avez-vous à dire pour votre défense. » Elle répéta encore : « Ce sont de faux témoins ! » « Ah ! Madame, dit le président, votre esprit calomniateur perce malgré vous ; qu’il ne vous arrive pas de prononcer une troisième fois ce que vous venez de dire, car le tribunal serait forcé de vous frapper d’une juste punition. Ainsi donc, je vous demande de nouveau (et cette fois, pour la dernière), qu’avez-vous à dire pour votre défense ? » Alors, se laissant tomber sur le banc, elle se mit à pleurer, hi, hi, hi, le bon Dieu, hi, hi, hi, a été crucifié ! dit-elle, en se cachant le visage. — Elle a donc subi une seconde condamnation. Si j’ai raconté ces faits en nommant la personne qui s’en est rendue coupable, c’est que chaque jour encore, elle ne m’épargne pas ; et quand elle peut me rencontrer, soit dans la rue, soit à une promenade, elle se permet de me dire les choses les plus abominables. On serait vraiment tenté de croire qu’elle aurait le désir d’aller faire une nouvelle révérence à quelqu’autre juge.