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Mme Lormeau fut exacte au rendez-vous que je lui avais donné. Comme cette dame a un caractère exalté, son enthousiasme n’eut point de bornes, et dès le lendemain, elle se mit en campagne pour tâcher de la faire exécuter sur quelques scènes. Mais nous arrivâmes un peu tard ; lorsqu’il y a quelque à propos, Le Parisien s’en saisit avidement, et tant pis pour le retardataire. — Cependant elle continuait ses démarches, et elle se rendit chez moi en toute hâte, me disant que le soir à huit heures il fallait nous rendre chez M. Arnault (directeur de l’Hippodrome), afin de lui faire entendre ma musique. Nous ne manquâmes pas de nous y trouver, et là, M. Arnault s’enthousiasma aussi beaucoup, disant que cette cantate, adaptée au drame de Silistrie, produirait un fort bel effet. Mais ce n’était pas chose facile d’obtenir la permission de faire exécuter cette oeuvre à l’Hippodrome, où habituellement, le chant n’était point admis. Il n’en donna pas moins rendez-vous pour le lendemain matin, à Madame Lormeau, afin d’aller ensemble faire les démarches nécessaires près de M. le Préfet de police et de M. le Ministre d’État. Toutes échouèrent : Madame Lormeau revint désespérée me faire part de cette