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Quant à moi, j’étais désespérée ! mais j’eus le courage, l’hiver suivant, de donner une soirée afin de faire entendre ce même opéra qui n’avait pu être exécuté ; cette fois il réussit très-bien. — Je priai M. Séveste d’entendre un de mes ouvrages ; il fut très-bienveillant pour moi et voulut bien admettre mon opéra (la Jeunesse de Lully) ; il reconnut que cet opéra si gai conviendrait à son théâtre, lorsque la fatalité, qui m’a poursuivie jusqu’à présent, m’enleva encore cette planche de salut. M. Séveste mourut d’une attaque d’apoplexie ; son frère, M. Jules Séveste, lui succéda et prit la direction du Théâtre-Lyrique (Encore une nouvelle démarche !). Je fus lui demander une audition ; il me dit : « Est-ce que les femmes savent composer ? — Mais il me semble que oui, lui répondis-je, lorsqu’il s’en trouve qui ont de l’imagination et qui ont fait de sérieuses études. — Eh bien ! reprit-il, si vous connaissez M. Adolphe Adam, voyez-le, et demandez-lui s’il veut venir entendre votre musique ; alors je vous donnerai mon jour pour une audition. Je fus donc (avec toute confiance) voir M. Adam, d’après les promesses qu’il m’avait faites précédemment et la lettre encourageante qu’il m’avait écrite. Il me promit d’assister à cette au-