Page:Mélesville et Carmouche - La permission de dix heures.pdf/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de papier… (Ayant l’air de chercher, et passant au milieu.) Comment, caporal… vous vous défiez de nous ?

LE CAPORAL.

Ah ! c’est que les chefs sont si sévères.

LANTERNICK.

Les chefs… Ils ont raison. (Le caporal se retourne et semble dire à ses hommes d’attendre.)

LAROSE, à part.

La carte de mon dîner d’hier au moulin de Javelle… Attention au mouvement !

LANTERNICK.

Voici la mienne !

LAROSE, la prenant et montrant les deux papiers au caporal en les faisant jouer entre ses doigts comme des gobelets d’escamoteur.

Et voici la mienne… Vous voyez que nous sommes parfaitement en règle… (Il rend à Lanternick la carte du traiteur et garde la permission.) Voilà !… (Au public.) Le tour est fait !…

LANTERNICK, à part, riant.

Il est malin comme un sinche !

LAROSE, reconduisant le caporal et passant à droite.

Vous pouvez aller à vos affaires, que je ne vous retienne pas… Mes respects à madame…

LE CAPORAL, poussé par Larose.

C’est différent… du moment que vous êtes en règle… (Larose est passé à sa gauche.)

LANTERNICK, à part.

Mais il me gêne, moi, ce Larose ; ch’aime autant qu’il s’en aille… (Bas au caporal qu’il va prendre par le bras.) Dites donc, caporal, il vous met tetans… il a pas de bermission.

LE CAPORAL.

Comment il n’a pas de…

LAROSE, s’aperçoit de ce mouvement et va à pas de loup prendre le caporal par le bras gauche. Bas en l’attirant un peu.

Dites donc, caporal, il vous met dedans, il n’a pas de permission !