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MADAME JOBIN.

D’ailleurs, dans ma position, un mari est une chose de première nécessité ! Mon magasin de passementerie… des mémoires à régler…

NICOLE.

Eh bien ! prenez-en un ! et que ça finisse !

MADAME JOBIN.

Ah ! c’est si vétilleux, ma chère ! on est si souvent trompé par l’apparence ! (Avec un soupir.) Pauvre Jobin !! Les hommes, vois-tu, mon enfant, c’est comme ces belles franges d’or et argent que nous vendons ! ça brille à l’œil, mais ça ne dure pas ! (Changeant de ton.) Il y a cependant un beau blond qui rôde toujours dans la rue des Bourdonnais.

NICOLE.

Eh bien prenez le beau blond !

MADAME JOBIN.

C’est qu’il y a aussi un petit commis du grenier à sel…

NICOLE.

Eh bien ! prenez le grenier à sel !

LAROSE, paraissant, à Lanternick qui le suit.

La voilà !

MADAME JOBIN, à Nicole.

Ah çà !… tu es bien pressée…

LAROSE, faisant signe à Lanternick de se cacher.

Attention, l’arrière-garde !

MADAME JOBIN, à Nicole.

Est-ce qu’il y aurait quelque amourette ?

NICOLE, baissant les yeux.

Ma tante… (Madame Jobin se rapproche et lui parle bas.)


Scène VI

Les Mêmes, LAROSE.
LAROSE. Il contrefait l’homme ivre et chante à tue-tête :
––––Chacun son écot, le vin n’est pas cher ;
–––––––––Chacun son écot.