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68 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

pêche pas qu'il ait existé des pièces comiques, sorties du réper- toire des jociilatores, qui n'étaient pas en rapport direct avec les mystères; elles ne prenaient d'abord le nom àt far ses que quand on les intercalait dans ceux-ci, puis on le donna même à celles qui en étaient tout à fait indépendantes.

L'ouvrage se termine (p. 306-308) par un coup d'œil géné- ral sur le développement historique de la littérature française au moyen âge ; j'en détache les principaux passages qui montrent que l'auteur n'est pas unérudit enfermé dans ses minutieuses recher- ches, qu'il sait embrasser les faits dans leur ensemble, et qu'au- dessous de leur surface il aperçoit leurs rapports intimes et les caractères essentiels des conditions qui leur ont donné naissance.

Nous avons vu comment le courant de la littérature française, après de modestes commencements, s'est de plus en plus élargi, comment la littéra- ture latine parallèle n'a que peu à peu reculé devant lui, tandis que la litté- rature provençale, après une brève mais brillante existence, s'est presque complètement tarie. A l'origine, on ne trouve que chant héroïque national, chanson d'amour et satire personnelle. Grâce à l'accession de plusieurs genres nouveaux, on atteint, au xne siècle, une période de splendeur où l'esprit français se rend tributaires toutes les littératures de llOccident. Le français avait alors, même en dehors de la France, une grande expansion, qui, à la vérité, ne devait pas être durable. Les Normands, dans leurs expéditions, l'avaient porté en Angleterre et dans le Sud de l'Italie. Des jongleurs fran- çais chantaient leurs chansons de geste sur les places publiques de l'Italie du Nord, et le français était la langue oflficielle du royaume de Jérusalem et de l'empire de Constantiuople. Mais dès la fin del'époque des croisades cette do- mination de la langue française devait prendre fin, et après le Roman de la Rose c'en fut fait aussi, au moins pour un ttmps, de la signification internationale de la littérature française. En France même s'accomplit vers 1328 la transfor- mation qui substitua aux formes de la poésie chevaleresque celles des sociétés bourgeoises de chanteurs, des « Puis », jusqu'à ce que, au xvi^ siècle, un chan- gement semblable, mais bien plus fort, du goût les fît disparaître à leur tour.

Au xiie siècle presque tout s'écrit en vers. La prose ne sert qu'à la traduc- tion d'écrits religieux, surtout bibliques. Il lui faut conquérir peu à peu son domaine sur la poésie, comme le français lui-même a conquis le sien sur le latin ; le combat commence à la fin du xii^ siècle, il se termine au commen- cement du xiye par la victoire de la prose sur plus d'un champ...

Il n'est pas facile d'évaluer la part des différentes classes de la société dans la littérature, dont tant de productions nous sont arrivées sans noms d'au- teurs Ucs chevaliers ont brillé surtout dans le domaine de la poésie l_\Tique

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