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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 67

de communiquer '. Je ferai une observation à propos du mot. farse, plus tard/rt;w. M. Suchier, toujours si précisément informé, donne (p. 298) le plus ancien exemple jusqu'ici rencontré de ce mot pris au sens figuré et spécialement dramatique - : il se trouve dans l'ordonnance bien connue du prévôt de Paris, du 3 juin 1398, défendant de taire sans la permission de l'autorité « aucuns jeux de personnages par manière de farces, de vies de sains, ou autrement » K Mais l'emploi dès le xiii'^ siècle du verbe se farser pour « se moquer » montre que l'absence du vaol farse dans les textes plus anciens est purement fortuite, et <\MQ farse (proprement « farcissure ») avait pris sans doute dès le xii'= siècle le sens que nous lui voyons plus tard ^. En latin, le mot farsa apparaît au xiii"^ siècle avec le sens de (> farciture litur- gique » >, et c'est avec ce sens qu'il a passé dans l'usage vul- gaire : il a dû y désigner également des morceaux intercalés, par une sorte de tolérance, dans la pièce principale ; c'est ce qui me porte à croire, contrairement à M. Suchier, que, au sens moderne, il s'est appliqué d'abord à des intermèdes comiques que l'on insérait dans les mystères pour en rompre la conti- nuité, un peu lourde à soutenir pour les spectateurs. Cela n'em-

��1. P. 280, je trouve M. Suchier beaucoup trop indulgent pour \^ Jeu du Pch'rin et beaucoup trop sévère pour la farce du Garçon et de V Aveugle : c'est affaire de goût. — P. 292, est-il bien exact de dire que la marotte est un accessoire « postérieur » de l'accoutrement du fou ? Dès le haut moyen âge les fous sont représentés portant une uiaçue, dont la marotte n'est qu'une transformation. — P. 296, l'idée de chercher la source des moralités dans les anciens débats est ingénieuse, mais elle aurait besoin d'être complétée. — P. 297, La condamnation des Banquets, 1. de Banquet.

2. Au sens propre de h farcissure » en cuisine le mot appartenait certaine- ment au latin vulgaire ; le part, farsus (pour le class. fartas), dont il n'est que le féminin devenu substantif, est déjà dans Pétrone, et on trouve farsio, Jarsilis, farsura dans divers auteurs de l'époque impériale.

5. Littré ne donnait d'exemples que du XVF siècle; le Coniplément de Godefroy ne remonte que jusqu'à Villon ; le Dictionnaire gênerai, ce qui ne laisse pas d'étonner, ne va même pas si loin et donne comme le plus ancien un exemple de 1476.

4. On peut aussi citer les exemples de farcerie au xiv^ siècle enregistrés dans Godefroy.

5. Voir Du Gange, t. III, p. 208 /' (et aussi p. 962 /').

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