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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 39

littérature dans le domaine des rois anglo-normands jusqu'à II 5-1 » (i), puis « la poésie française sous les Plantagenets ' jusqu'à 1204 » (m), et, en regard, « la littérature dans le royaume de France jusqu'en 1154 '^ (^0? ^^ ^^ ^^ poésie dans le royaume jusqu'en 1204 » (iv). Cette division ne me paraît ni commode, ni fondée sur la nature des choses. Elle oblige à séparer des faits qui sont étroitement liés ensemble -, et elle est si arbitraire que l'auteur lui-même n'a pu l'observer jusqu'au bout : il a été obligé d'y renoncer pour la cinquième section, réservée à la prose ', et, même dans les sections précédentes, il a attribué à l'une des parties de son double diptyque des noms ou des œuvres qu'il aurait dû rigoureusement placer dans l'autre +. Il aurait été plus acceptable de traiter à part la littéra- ture anglo-normande, qui a présenté dès l'abord certains carac- tères propres et qui, dans la période suivante, devait se séparer nettement de la littérature continentale ; m.ais le fait que la Normandie depuis 1066 et l'Ouest de la France depuis 11 54

��1. Il serait temps d'abandonner cette mauvaise forme du surnom transmis par Geoffroi d'Anjou à ses descendants, qui vient de la traduction latine Plaii- tiis^enistani : Geoffroi était certainement surnommé Planiegenest. Le nom de famille Plaiitegenét survit encore dans l'Ouest de la France.

2. Pour n'en citer qu'un exemple, le roman de Troie, à la section III, est séparé de ceux de Thcbes et d'Eiiéas, dont il est parlé à la section II : or, non seulement ces trois ouvrages appartiennent au même courant et sont influen- cés l'un par l'autre (au point qu'on a pu croire qu'ils avaient le même au- teur), mais ils ont été écrits dans des périodes toutes voisines. C'est que M. Suchier place Thcbes et Enéas avant 11 54. S'ils avaient été composés en II 5 5, ils auraient passé de la « littérature du royaume de France » à la « poésie sous les Plantagenets «. On voit combien une telle division est artificielle.

3. Il est vrai qu'il en donne une raison assez contestable : « La séparation des deux pays ne peut se faire ici, au moins dans le domaine des romans en prose. » Cela tient à l'opinion de l'auteur sur la nationalité de Robert de Boron, opinion que je ne puis partager (voir plus loin). Je doute que les Anglo-Normands puissent revendiquer aucune part dans les romans arthu- riens en prose.

4. Ainsi Etienne de Fougères, chapelain de Henri II et plus tard évêque de Rennes, figure (p. 157) parmi les poètes du rovaume de France, et le poème anglo-normand sur Alexandre est mentionné, ce qui est d'ailleurs naturel, à la suite des romans français sur le même thème (p. i ) 3).

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