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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 33

sur la conscience « ce que nos chansons présentent de plus barbare ; mais cela n'empêchera pas que l'inspiration n'en soit foncièrement germanique, d'un côté par l'individualisme poussé à l'excès, de l'autre par la solidarité, envers et contre tous, des membres d'une même famille ou des fidèles d'un même sei- gneur. — A propos des Lorrains, M. Suchier écrit : « On a voulu voir dans cette longue lutte entre les deux races des Lor- rains et des Bordelais, dans laquelle la sympathie du poète est sans réserve du côté des derniers, une peinture de l'antagonisme entre les conquérants germains de la France du Nord et les habitants romans. » On serait tenté de croire que « derniers » est un lapsus cala mi pour « premiers » ', car la sympathie du poète est sans aucun doute du côté des Lorrains ; mais alors la phrase perdrait son sens, puisqu'il n'est guère admissible qu'un poète roman eût chanté les vainqueurs de ses compatriotes ; au reste M. Suchier ajoute, avec raison, que « rien ne justifie cette hypothèse ». — A propos de Raoul de Cambrai, l'auteur dit (p. 48) : « Ici finit la première partie de la chanson qui, dans la forme qui nous est parvenue, est rimée. On en a écrit une continuation en assonances. » Il aurait été bon de faire remar- quer que la continuation doit avoir été faite non pour la forme rimée, mais pour la forme plus ancienne en assonances.

Petites gestes ^ — Les remarques sur le rapport des versions latines et de la chanson française à' Ami et Amile sont sugges- tives et mériteraient d'être développées ; on peut douter qu'^mt?- lius soit une déformation d'Aemiliiis.

L'auteur termine son exposé de la poésie épique, — dans lequel, malgré l'espace restreint, il a fait entrer l'analyse des œuvres les plus intéressantes, — par un mot sur le succès de cette poésie à l'étranger ' et un coup d'œil sur l'évolution de

��1. [Cf. ci-dessous, p. 70, n. i.] C'est par un lapsus, en tout cas, ou par une faute d'impression, que ce même mot se trouve p. 47, 1. 34, où il est dit que la césure du décasyllabe, dans Girard de Roiissillon, est nach der let^ten Silbe, au lieu de tmch der sechsten .

2. Comme je l'ai indiqué plus haut, je ne dis rien de ce qui concerne les croisades.

5 II ne me paraît pas tout à fait exact de dire (p. 54) : « Les Espagnols habillèrent le contenu de quelques chansons de geste dans la forme de la G. Paris. — Moyen âge. 5

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