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226 l'Épopée

blable '. Mais cette constatation démontre-t-elle l'existence, dès les temps carolingiens, d'une épopée provençale dont le comte Aymeric de Narbonne aurait été l'un des héros ? Je n'en- treprends pas de l'examiner ici, et j'ai écarté de cette note toute discussion de fond ^ ; j'ai seulement voulu établir, à l'aide de faits que l'on ne pouvait connaître en 1865 et 1867, l'identité du n Aymeric provençal et du Naimeri français, c'est-à-dire la provenance méridionale, et sans doute littéraire, de cette forme familière aux poèmes français du xii^ siècle.

[Mélanges Couture, 1902, pp. 549-5 57. J

��1 . Il est clair que les poètes français qui ont pris Naimeri pour une simple variante à'Aimeri (ou qui ont tout à fait substitué le premier au second) ne comprenaient pas la valeur de 1'//, ce qui indique que cette forme leur venait, par tradition orale ou écrite, de poèmes en langue étrangère. La gra- phie Ayineri, ordinaire, sinon constante, dans nos manuscrits, est provençale bien plutôt que française, et semble attester une transmission scripturaire.

2. Elle n'est pas, à la rigueur, inconciliable avec l'opinion ancienne, et récenmient reprise avec beaucoup d'habileté par M. Densusianu, qui trouve le tvpe de TAimeri épique dans Aymeric II de Narbonne, mort en 11 34. Il faudrait seulement supposer que le premier poème sur ce personnage aurait été composé, vers 1140, dans son pays et dans sa langue, — ce qui en soi n'aurait rien que de vraisemblable, — • et aurait transmis la double forme (apparente) Aymeric et Naymeric à des itnitations françaises de plus en plus éloignées de l'original. Je ferai seulement remarquer qu'on ne peut guère sépa- rer Naimeri de Naïmer, et que le second apparaît, nous l'avons vu, comme nom propre en Italie dès le commencement du xiF siècle. J'ajouterai que M. Koschwitz, dans sa dernière édition (1902) du Pèlerinage de Charle- iiiagiie, me parait avoir très solidement réfuté l'hypothèse émise par M. Densusianu sur l'interpolation du nom d'Aimeri dans ce poème du \i^ siècle.

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