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Benalmenique représente en Ahnenique ; toutefois il accorde, — plus, semble-t-il, par déférence pour P. Meyer que par convic- tion, — que ce nom « est peut-être fait à l'imitation des noms mores, Ben- Ahnenique. » La première hypothèse me paraît tou- jours de beaucoup la plus vraisemblable, surtout après ce que nous avons constaté de l'existence de la forme avec n initiale en Provence, en France et en Italie. Je ne vois rien d'étonnant à ce qu'un renouveleur de romances castillan du xiv= ou du xv*" siècle ait changé en Ahnenique ou Nahneniqiie, qu'il ne comprenait pas, en Benalmenique, avec une première syllabe que les noms arabes lui avaient rendue familière.

Je pense que, dans ces conditions, tout le monde aujourd'hui reconnaîtra que le Nainieri d'Aliscans, de Foucon de Candie, de la Prise de Cordres et de la Mort Aynieri répond au Naymeric pro- vençal, et qu'il ne saurait s'agir là d'une « épenthèse inexpli- quée ' ». Qu'une forme aussi nettement méridionale^ dans des chansons de geste françaises sur un personnage méridional et des événements qui se passent dans le Midi provienne de poèmes provençaux, c'est ce qui me paraît plus que vraisem-

��aucun poème français ». Cela ne prouverait rien, car nous avons perdu un grand nombre de poèmes — et des plus anciens — du cycle narbonnais ; mais ce n'est pas tout à fait exact : la Mort Ainieri nous présente, comme notre romance, Aimeri prisonnier amené par les Sarrasins devant les murailles de Narbonne pour qu'il demande à sa femme de rendre la ville en échange de son mari, et l'exhortant, au contraire, à ne pas la rendre. Je tais cette remarque en passant, car je ne m'occupe pas ici du fond des poèmes, ni même de l'origine du nom à' Aimeri, incontestablement méridional.

1. Je rejette en note la réponse à l'argument tiré du nom de Naitthelnius donné parfois à Saint Anthelme, évêque de Belley au xii^ siècle. Je n'ai pas le loisir de rechercher la provenance des textes où elle apparaît ; mais il suffit de rappeler qu'Anthelme était originaire du Lyonnais, et qu'il est fort probable que l'usage de en honorifique existait dans cette région. Tel est aussi l'avisdeM. E.Philipon, le meilleur connaisseur en cette matière, qui n'hé- site pas à voir dans la forme Naiitljelviiis le reflet d'une forme vulgaire n Anthehii.

2 . On remarquera cependant qu'elle est quelque peu francisée par la chute du c final, ce qui paraît indiquer un emprunt ancien. — Il en est ainsi, à plus forte raison, de Naïiner, correspondant au prov. A:{iiitar ou Ainiar.

G. I'aris. — Moyen âge. 1 5

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