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de récits, dont quelques-uns ont un caractère fort ancien, qui ne se retrouvent pas dans nos poèmes : les sources d'où ils proviennent avaient sûrement pénétré en Italie de très bonne heure. Dans nos manuscrits je n'ai rencontré la forme Nayiiicr, pour désigner le fils d'Aimeri, que dans le manuscrit M d'AIis- cans, où elle paraît être constante ' ; mais si on se rappelle que la forme Naiincri ne se trouve que dans des textes du xii" siècle et a été, au xiii% systématiquement supprimée par les copistes, on ne doutera pas, d'après les témoignages italiens, qu'Aïmer, dans des poèmes français anciens, ait été appelé Naï- }ner~.

En Espagne, il semble aussi que le nom fameux d'Aimeri de Narbonne ait pénétré avec la prothèse de Vn. J'ai dit jadis, après Wolf', que la forme Befialiiienique (de Narhoua), dans une fort belle romance d'un caractère ancien, était une corrup- tion de en Aimcric ou Naimeric, forme essentiellement proven- çale. P. Meyer a rejeté bien loin cette explication : « Ce n'est pas sérieux, dit-il (p. 49). Les Espagnols ne se seraient pas trompés à ce point sur la particule honorifique t'//, qui est non pas seulement provençale, mais aussi catalane, et de Aivieric ils n'auraient pas fait Ahnenique. Beualmeniqiie semble bien plutôt un nom arabe. » Mila y Fontanals a fait observer que le nom d'Aliiienigiie de Narbona, pour Ainieric, se retrouve ailleurs -♦, et que les Aimeri de Narbonne, épiques et historiques, étaient trop connus en Espagne pour qu'on puisse voir un Arabe dans un héros qui porte ce nom, héros qui d'ailleurs est un comte chrétien de Nar- bonne, fait prisonnier par les Sarrazins k II croit donc que

��1. C'est du moins ce que l'on peut conclure du fait que M. Rolin l'emploie toujours et cite une ou deux fois ce manuscrit à l'appui.

2. Le Naïmer le Lomharl de Faucon de Candie, éd. Tarbé, p. 60, est un autre personnage, puisque Aimer le Chètif est mort avant l'action du poème ; mais la forme de son nom prouve pour celle du nom de son homonyme.

3. Voy. Hist. poél . de CharL, p. 218.

4. Dans la romance qu'il examine après celle-là (sous le no 39) et dans le Rodrigo (xilie siècle), où l'abréviation du ms. (voy. Mild, p. 194) donne Aliiienique beaucoup plutôt (\u Ahiierique.

5. P. Mcver fait remarquer que " le sujet de la romance n'existe dans

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