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NAIMERI — N A YMERIC 2 1 7

ment mon opinion sur l'existence de chants épiques provençaux, et notamment l'argument tiré de la forme Neineriais. « Cet argument, dit-il (p. i6), n'est pas fondé. Il suppose, en effet, que la particule N s'est toujours placée devant les noms des grands personnages, ce qui est inexact. Le texte qui fait ici autorité est naturellement le seul poème épique des pays de langue d'oc, Girartx de Rossilho. Or, la particule N n'y est employée que trois fois : deux fois elle est accompagnée d'un terme injurieux % et, dans le troisième cas, elle est appliquée à un personnage d'un rang infime, le chantre Benaci. Dans ce poème, les hauts barons sont toujours qualifiés de Don, et c'est seulement dans des textes plus récents (Flamenca, Ferahras, etc.) que l'emploi à'En se généralise. D'ailleurs, l'explication de M, G. Paris a le défaut de ne pouvoir rendre compte de cas exactement semblables à celui du Neinericus d'Albéric : saint Anthelme, évêque de Belley au xii siècle, est parfois appelé Nantbeliiius, et on ne peut supposer ici la présence de la particule provençale N'. Force est donc dans ce cas, comme dans celui de Neinericus, de laisser inexpliquée l'épenthèse de 1'//. J'ajoute que ce n'est pas chez Albéric qu'on peut espérer trouver la trace d'anciens poèmes provençaux, supposé qu'ils aient existé. Ce chroniqueur n'a évidemment connu que des poèmes fran- çais, et même ne les a connus (comme le remarque M. G. Paris lui-même) que dans des rédactions relativement récentes où la généalogie de Garin de Monglane est déjà formée, et qui ne sont pas antérieures à la fin du xii^ siècle. »

Cette réfutation a paru décisive à L. Gautier, qui ne voit là « qu'une question de prononciation », et qui pense que « la nasale a été plaquée devant 1'^ pour préciser le son » (^/V) % et à M. Demaison, qui, dans son introduction à l'édition d'Ayineri de Narhonne, se contente de dire (p. ccxxviii, n.) : « M. Meyer a fort bien démontré que dans Neinericus ÏN ne peut être la particule provençale. »

��1. En note, P. Meyer discute l'un de ces passages et montre que en n'y figure sans doute pas (cf. sa traduction de Girart, p. 135). En est aussi très douteux dans le second passage, et P. Meyer l'a laissé de côté dans sa tra- duction (p. 167).

2. Épop. franc., t. IV, 2e éd. (1882), p. 15.

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