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LA LEGENDE DE PEPIN « LE BREF » 21)

représente comme picholiiio, livre à Justamont un combat singulier où il le tue, après quoi il rentre triomphant à Paris. C'est là qu'a lieu l'aventure du lion, mais elle paraît, d'après le début, avoir été fort difterente de ce qu'elle est dans les autres versions : ici le lion s'humilie par deux fois devant Pépin, et lui rende rvveren%a cou ghran chortesia ; mais malgré cette soumission et malgré les sages avis de Bernard de Clermont, Pépin veut à toute force le tuer ; il tire son épée, le lion s'enfuit (bien qu'on l'ait enfermé dans un triato = thea- frum), le roi le poursuit... et le fragment s'arrête. Il est probable que le manque de courtoisie de Pépin envers ce lion umiî e puro lui atti- rait des malheurs qui préparaient les aventures de jeunesse de Car- letto. Nous avons là bien probablement la transformation d'un poème franco-italien qui n'a pas laissé d'autres traces. — Je n'avais pas trouvé d'allusion assurée à des poèmes sur les guerres de Pépin en Aquitaine; il semble pourtant qu'il y en ait une dans un passage curieux de Girard de Vienne. Les fils de Garin de Monglane étant venus à la cour de Charlemagne, un ennemi de leur père, Renard de Poitiers, reproche à l'empereur de les bien accueillir : Garins lor père que les fist anvoier N'ot a repos nés un tôt sol niaingier (il vivait de rapines). Pépins V en fist a grant honte chacier, Et fors de France foïr et essilier. Jusqu'à Gascoigne ne sevot atargier : La li dona li rois une moil- lier. Et de la tere li dona un quartier ; Puis fu tel ore qu'il s'an repanti chier (éd. Tarbé, p. 22). Ce roi de Gascogne, au service duquel serait entré Garin, est sans doute Gaifier (ce n'est pas évidemment le roi Pépin qui donne à Garin une femme et des terres en Gascogne, comme l'a compris M. L. Gautier, Ép. fr., IV, 129). Dans Garin de Monglane (voy. Ronrvart, p. 356), on raconte une histoire tout autre, mais qui est peut-être aussi une réminiscence des guerres de Pépin en Aquitaine : la ville (imaginaire ?) de Monglane est occupée par un duc orgueilleux, appelé Gaufroi ; Pépin lui avait réclamé l'hommage par un messager que le duc fit cruellement mutiler, sur quoi Pépin assembla une grande armée et assiégea, mais en vain, Gaufroi dans son château. Toutefois ce poème est tellement moderne qu'il y a peut-être là une pure fiction.

[Ronuinia, XXIV (1895), pp. 319-320.]

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