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2o8 l'épopée

et généralement peu honorable. Tel est le cas surtout pour le vaste cycle des Lorrains : il y joue un rôle constant, mais un rôle lamentable. Mis sur le trône par Hervi de Metz, il refuse de le secourir quand les Hongrois le menacent, si bien qu'Hervi renonce à son hommage. Plus tard, réconcilié avec les hls d'Hervi, il se laisse décider par eux à aller repousser les Sarra- sins en Maurienne, mais il tombe malade à Lyon, et les Français combattent sans lui. Après des guerres entre ses barons qu'il n'essaie pas d'empêcher ou auxquelles il se mêle sans grand souci de la justice, il enlève à Garin, à l'aide d'une machination cléricale, la main de Blanchefleur de Maurienne, que son père le roi Tierri avait expressément destinée au fils d'Hervi. Dès lors entre les Bordelais et les Lorrains se déchaîne une guerre implacable, qui ne s'arrête par moments que pour reprendre avec plus de fureur, et qui se déroule pendant trois générations devant le roi Pépin, ballotté sans cesse dans cet orage qu'il essaie en vain d'apaiser, dominé par son impérieuse épouse qu'un penchant secret rattache à son premier fiancé ', jouet impuissant

��lesquelles Pépin, bien que roi de France, résidait à Weihenstephan en Bavière. On peut rappeler aussi (voy. ci-dessus, p. 199, n. 4) que le poème où on fait de Pépin le fils du roi Rother est essentiellement bavarois. Karkinayiies lo bai'ier dans Daurel et Béton (y. 139) est, comme le remarque l'éditeur, une faute (pour lo ber ou lo fier) qui détruit la mesure du vers.

I. Un passage curieux de certains manuscrits, que P. Paris n'a pas admis dans son édition de Garin, mais dont il a rendu le sens dans sa traduction (Garin le Loherain, chanson de geste mise en nouveau langage, Paris, 1862, p. 138), tend à faire croire que dans certaines versions l'affection de Blanche- fleur pour son cousin Garin n'était pas restreinte à une honnête amitié. C'est le jour même de ses noces que la jeune reine compare l'époux qu'elle vient de prendre à celui qu'elle aurait pu avoir (je mets en italique les vers que j'ajoute, d'après une note de mon père, au texte imprimé) : « Devant le roi esta en pies Garins, De la grant coupe servi le roi Pépin : Gent ot le cors, mole etesclievijEn nule terre plus bel de lui ne vi. Bien le regarde la franche empereris : Forment li siet et moût li abelist ; D'eures en autres a regarde Pépin (éd. le regarde Pépin), Qui li resainhle si nieiiu:( et peti:^ : Moût se repent quant elea sa cort vint, Ou\'n Moriane n'avoit mande Garin, Et Vesposast et feht son plaisir ; Mais ne pnel estre, des or i a failli. » Dans Girherl de Met-, I-'ro- mont accuse Blanchefleur d'être la maîtresse à la fois des deux fils de Garin,

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