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LA LÉGENDE DE PEPIX « LE BREF » 205

Ahi ! sire, quels estes, gentis lieus a baron !

Ja fus tu fieus Pépin qui ocist le lion,

Et vainqui en bataille le Saisne Justamont :

Il 11 caupa le chief, n'i feri se li non ;

Carsadoine de Perse mist il en sa prison ;

Et si conquist Saisoigne par l'art de l'csperon '.

C'est à la même chanson que se rapporte une allusion de Doon de la Roche, où on voit que ce Carsadoine était le frère de Justamont ^.

D'après Jean des Prés, c'est dans une guerre menée par son père « Charmartel » que Pépin tua « l'ajoiant Juscalmont », haut de quinze pieds (tandis que Pépin n'en avait que cinq) : il lui coupe la tête (comme dans Maiiiet) et la rapporte au bout de sa lance ' ; les Sarrasins s'enfuient +. Le chroniqueur liégeois raconte d'autres hauts faits de Pépin en Allemagne, accomplis du vivant de son père : nous avons déjà parlé de la guerre de Bavière où il tua le lion > ; plus tard il combat à Bastogne le païen Plan-

��1. Mainet (dans le t. IV de laRoiiiania), IV, 54 ss. — Dans un autre pas- sage, le roi de Tolède Galafredit en parlant de soudoyers (je mets en italique les fins de vers manquantes suppléées) : « Plus lordonrai de tere c'onçues ncii tint Pépin, Li petis rois de France qui tant f 11 de franc lin, Qui m'ocist Justa- mont que t^noie a cousin. » Cette restitution est justifiée par un vers des Saisnes, p, 12, où on dit àGuiteclin : Marsiles tes cousins (Marsile est le fils de Galafre) ; sur ce vers, cf. Romania, XI, 494.

2. Pépin, dit ce poème, a conquis la Saxe sur Carsadoine (le ms. Harl. 4404 porterait La^adoine), dont il avait tué le frère Justamont (Sachs, Bei- Irâge, p. 9).

3. Il est à noter que cet exploit de Pépin est précisément le même que le vieux poème sur la guerre de Saxe résumé dans le Liber historiœ Francoruni attribué à Clotaire : il tue le roi des Saisnes Bertoald et élève sa tête au bout d'une perche {in conto, sans doute d'une lance). Voy. Kruscli, Scriptores reruni merovingicaruui, II, 314.

4. Clironiquesde Jeljan des Preis, t. II, p. 403. L'éditeur met en note cette remarque singulière : « Ce récit doit s'appliquer à la bataille de Poitiers, et Juscalmont cache l'émir Abderam ou Abd-el-Rahman. » D'après Jean des Prés, Juscalmont aurait été légère, non de Guiteclin, mais de Bramont ou Braimont, tué plus tard par le jeune Charles ; c'est de l'invention du compi- lateur.

5. Sur le duc Odilo ou O^dilodc Bavière (Uidre, Uidelon en français) et sa

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