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veut dire, dans notre tradition française, « la geste de Pépin el de Fange » ? On peut peut-être s'en rendre compte si on admet, sur le « roi ange », la conjecture fort plausible de M. Wesse- lofsky '. Nous savons par les allusions de deux poèmes français et par le récit de Fior avanie (suivi par les ReaJi di Frauda) qu'il existait une ancienne chanson sur le roi Girbert (le Gisberto italien) : Girbert, enflé d'orgueil, avait défié Dieu lui-même; Dieu l'avait puni en le privant pendant plusieurs années de son trône, où il était remonté après avoir fait pénitence ^ Or cette histoire n'est probablement qu'une variante d'une légende extrêmement répandue, dans laquelle un roi orgueilleux est dépouillé pour un temps de sa dignité et réduit à la plus grande détresse, pendant qu'un être surnaturel, qui a revêtu sa ressemblance, règne à sa

��première partie. — Il est possible que l'idée de rattacher directement Pépin à la race de Fioravante soit venue spontanément au rédacteur du manuscrit d'où procèdent le ms. de Paris et le ms. Laurentien de FioravanU' : tous deux disent : H del re Apwh iiacqiie Pippino (Reali, I, 489 ; A. Darmesteter, De Flooviiiilt', p. 180). Gherardo, l'auteur du Buovo d'Antoiia en octaves souvent imprimé, a dû avoir pour source un manuscrit semblabledeF/('raiv;///(',puisqu"il donne pour père à Pépin Rc Agiiolo Michèle de gnm pos:ania (Rajna, / Reali, I, 273). Andréa da Barberino, le rédacteur des Rcali di Fnmcia, a eu sans doute aussi un texte pareil sous les yeux ; mais il s'est avisé de le modifier en dédoublant VAgnolo Micliele de son modèle : d'après lui Michèle est fils de Gisberto et règne après lui, sans que d'ailleurs on nous dise absolument rien de son règne (1. III, ch. 15), puis il meurt, « e di lui rimase iinfigliuolo che ebbe nome Costantino. Costui fu tanto begnino e tenne il reame di Francia in tanta pace, che i Francesi lo chiamarono VAgnolo. Questo nome ando e fu tanto innanzi che in moite scritture non fu menzionato Costantino, ma in moite scritture istoriografe dei gesti di Francia lo chiamarono l'Agnolo. Costui fu imperatore di Roma ed ebbe due figliuoli, l'uno ebbe nome Lione e l'altro Pipino. >> Sur ce Léon, inventé par Andréa, et sur les raisons de cette invention, voy. Rajna, / Reali, I, 274. Le nom de Constantin lui appar- tient aussi et se rattache à toute sa conception généalogique.

1. Archiv fiir slavische Philologie, VI, 570-73. J'avais proposé de mon côté la même explication {Romania, XIII, 609), tandis que M. Rajna paraît ne voir qu'une coïnciJence fortuite dans les ressemblances de la légende de Girbert avec celle de Nabuchodonosor (/ /?<'<(//, 1,84) ou de l'Empereur orgueilleux {Le Origini delVepopea fraiicese, p. 172).

2. Voy. Ro)iiniiiii,U, 355; XIII, 608.

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