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dévorer, il descend seul de son trône, au milieu de la terreur de tous les assistants, et tranche d'un coup depée la tête des deux animaux féroces ; puis, s'adressant aux grands stupéfaits : « Croyez vous, leur dit-il, que je puisse être votre maître ? N'avez-vous pas entendu raconter ce que le petit David a fait à l'immense Goliath ou le tout petit {brevissituiis) Alexandre à ses gigantesques compagnons ? ' » Le livre de Notker est resté à peu prés inconnu au moyen âge ; c'est donc dans la tradition orale qu'un interpolateur du biographe de Louis le Pieux connu sous le nom de l'Astronome limousin a dû puiser la connaissance de cette histoire, à laquelle il fait allusion en la plaçant à la villa royale de Ferrières en Gâtinais -. C'est aussi de la tradi- tion que s'était inspiré le sculpteur qui, au xni siècle, avait représenté au portail de Notre-Dame de Paris le roi Pépin debout sur le lion qu'il vient de tuer '. Du moins les historiens latins ou français ne contiennent, que je sache, aucune nientioii de cette histoire jusqu'à la publication en 1601, par Canisius, de l'œuvre du moine de Saint-Gall.

Le récit d'Adenet le Roi est tout différent de celui de Notker :

��1. L. II, c. XXIII. Je ne sais d'où provient ce conte du petit Alexandre matant ses procerissimos sutcUites ; en tout cas on peut être sur que l'allusion est du fait du rédacteur monacal. — Dans le chapitre suivant, Notker raconte un trait décourage de Pépin encore plus extraordinaire : il rencontre, à Aix, r « ennemi » lui-même, et le transperce de son épée ; mais comme il n'a frappé qu'une ombre, l'épée violemment poussée s'enfonce dans le sol si profondément qu'il a la plus grande peine à la retirer. Sans s'émouvoir, Pépin fait évacuer l'eau souillée par le contact de l'esprit immonde et prend le bain qu'il avait l'intentlonde prendre. C'est, on le voit, par avance, un vrai Richard sans Peur (cf. ci-dessous, p. 194, n. 2). [Sur Je dud de Pépin le Bref contre Je démon, cf. Romanid, XXX, 467.]

2. Pertz, SS., II, 641. Ce passage a été interpolé par un moine de Fer- rières dans une énumération de monastères aquitains restaurés ou fondés par Pépin, au milieu desquels l'abbaxe de Ferrières est tout à f.iit déplacée (voy. D. lîouquet, ¥1,95, n.).

3. Vo\ez les description- anciennes des statues de rois au portail de Xolre- .Dame. Le lion dans cette représentation n'était pas décapité ; il semble donc que l'artiste avait suivi une version plus semblable à celle d'Adenet qu'à celle de Xoiker.

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