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I.S6 l'épopkf.

qui s'est perdu, mais non sans avoir laissé quelques autres traces dans la tradition et sans avoir rendu célèbre le nom d'Anseïs". Ce nom est, en réalité, celui du bisaïeul de notre Pépin, Ansegi- siis ou Ânsegisilus, père de Pépin II, « le Moyen », comme on l'appelle pour le distinguer de son grand-père et de son petit-fils ". Dés lors on peut se demander si le roi Pépin n'a pas pris, dans certains récits légendaires qui le concernent, la place de son grand- père, comme l'a fait si souvent Charlemagne pour Charles Mar- tel. Ce qui appuie cette hypothèse, c'est qu'il semble que le fameux surnom de Brevis, aujourd'hui inséparable du nom du roi Pépin, appartenait originairement à son aïeul. Aucun contem- porain, il est vrai, ne le donne à l'un ou à l'autre, ni ne parle de l'exiguïté de leurtaille, et celui des deux qui est le plus ancien- nement désigné comme petit est même le roi et non le maire du palais. Mais le fixit que des auteurs duxi^ et du xii^ siècle attri-

��1. La locution des le tens Anseïs (Aiisebier, Aiiseï), pour indiquer une époque très ancienne, se trouve, par exemple, dans le Chevalier au Cygne (éd. Hippeau, v. 318), dans A'o« de Maience (v. 5031, 5860) et dans Simon de Ponille {Gâuùer, Épop. fr., 2^ éd., t. III, p. 348). Dîxns Foticon de Candie, le roi Louis est appelé le bon roi du lignage Anseis (éd. Tarbé, p. 160). \*F. de C, ms. de Boulogne, 2^d, Fouconditàson père [éd. Schultz-Gora, v. 640-4] :

Donés moi, sire, que tant m'avés promis, Le blanc hauberc au bon roi Anseïs : Ja n'ert par arme ne fausé ne maimis.

(Anfelis, etc., dans Tarbé, p. 9).] C'est bien probablement le même Anseïs dont Guiraut de Cabreira, dans son célèbre Emenhamen , reproche au jongleur Cabra de ne pas connaître la chanson (Bartsch, C/;;r.î/. prov., 4e éd., col. 86). [Cf. ci-dessus, p. 173, n. i, et 174, n. i.]

2. On sait que les noms de Pépin de Landen et de Pépin d'Hciistal ou de Hèrîstal, qui figurent encore dans nos histoires, n'ont aucun fondement his- torique et ne paraissent pas avoir été inventés avant le xiii^ siècle. Il serait vraiment temps de les faire disparaître. M. André Berthelot, en parlant du second Fépln (Histoire générale du iv^ siècle à nos jours, parLavisseetRambaud, t. I, 1893, p. 277), dit : « Pépin le Jeune, que nous appelons d'Héristal. » J'aurais préféré qife l'auteur, qui est d'ailleurs très bien informé, eût dit : « qu'il ne faut pas appeler d'Héristal. »

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