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LA LÉGENDE DE PEPIN « LI- RRl-.F » l8)

même empereur, ce qui était bien naturel ; mais d'ailleurs ses rapports avec l'Église, des biens de laquelle il s'empare pour subvenir à ses frais de guerre, sont présentés avec une certaine fidélité. Charles Martel étant mort (de blessures reçues dans un grand combat), son fils « Pepinet », encore tout jeune, est cou- ronné grâce à la vigoureuse intervention du lorrain Hervi. Tout cela est de l'invention pure, mais conserve au moins la tradition authentique en ce qui concerne le père de Pépin. Il n'en est pas de même ailleurs. Jean Bodel', dans sa Chanson des Saisnes, fait de Pépin le fils d'Anseïs. Cet Anseïs aurait été lui- même le fils naturel d'une femme d'humble condition (fille d'un vacher) et de Garin % qui avait été élu roi de France après la mort, sans héritiers, de Charles le Chauve et de Charles Martel, derniers rois du lignage de Clodoïs et de son fils Floovent. Élevé dans l'obscurité, Anseïs s'était fiiit connaître par un exploit éclatant. Les descendants du « Saisne » Bcunamont, qui avait épousé la fille de Floovent, revendiquaient la couronne de France, et il avait été convenu que la question serait décidée par nn combat singulier entre deux champions ; mais aucun Français n'osait combattre le redoutable Brohier, quand Anseïs, simple écuver, se présenta. On l'arma chevalier sur-le-champ : il vain- quit Brohier, et les Saisnes se retirèrent tout confus. Anseïs fut alors couronné roi à Saint-Denis, et c'est de lui que naquit Pépin. Ce récit était certainement le sujet d'un poème ancien '

��Znr Kritik dcr Bertasagc ÇSiàxhomg, 1886), p. 33. [*Aj. le Charles Martel de Bruxelles (Meyer, Gir. de Rotiss.).]

1. La Chanson des Saisnes, par Jean Bodel, p. p. Francisque Michel (Paris, 1859), t. I,p. 4-9 et 165-166.

2. Ce Garin est appelé le Pohier (Picard) dans le premier passage (la variante isolée d'un ms., Pont ter, est à rejeter); dans le second passage, il est appelé, suivant chacun des trois manuscrits consultés par l'éditeur, Garin de Baiviere, deSansuerre ou de Lancele, et semble être donné comme appar- tenant au « parage » des rois précédents. Dans le dernier passage deux des trois mss. portent Girarl au lieu de Garin, mais les trois mss. donnant Garin au second passage, c'est ce nom qui est authentique.

3. Ancien relativement, car il est clair que nous avons là l'application à un personnage, dont on ne savait plus guère que le nom, d'un lieu commun que nous retrouvons plus d'une fois dans notre épopée .

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