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monotonie, sont celles que doivent plus tard conquérir sur les Sarrasins les fils d'Aimeri de Narbonne, la hifnnacc (Andrenas), Busbanlc (Brusbant), Coniiasis (Comarcis, c'est-à-dire Bar- hastre), Gironda, Ansidonia (Anseiine); reprises ici par Char- lemagne, elles sont de nouveau enlevées aux chrétiens dans la suite de la Seconda Spagiia ÇrAcquisto di Poiiciite) dont je dirai un mot tout à l'heure, et c'est dans les Storii' Nerhoiicsi qu'on voit Guibert, Bernard, Bovon, Ernaut et Garin s'en emparer une troisième fois. Tout cela est du fait du dernier compilateur, et il faut l'écarter pour avoir le squelette, assez décharné, à vrai dire, du poème français qui lui a servi de guide. Si nous admettons que ■ ce poème est la forme plus ancienne de notre Anseïs, nous arrivons à le reconstituer dans ses traits essentiels en comparant le résidu de la Seconda Spagna à Anseïs de Cartage, et en ne retenant que ce qui est commun à la chanson française et à la rédaction italienne. Voici alors à peu près ce que nous pouvons regarder comme ayant formé le sujet du premier Aiiscïs.

Anseïs, fils de Rispeu de Bretagne, est laissé comme roi chrétien en Espagne par Charlemagne après la conquête totale de ce pays qui suit la revanche de Roncevaux ; Isoré de Conim- bres lui est donné comme principal conseiller. Il engage le jeune roi à demander en mariage la fille de Marsile, qui s'est retiré en Afrique où il possède un royaume : de la sorte les prétentions du nouveau et de l'ancien maître de l'Espagne seront conciliées. Anseïs accepte cette proposition, et Isoré part pour l'Afrique, où il fait sa demande, qui est agréée. Mais pen- dant son absence Anseïs, malgré les recommandations de Char- lemagne et la promesse faite à Isoré, déshonore la fille de celui-ci ; il en a un fils, appelé Tierri ' . Revenu de son ambassade, Isoré apprend l'outrage qui lui a été fait ; il dissimule le ressen- timent qu'il en éprouve, et retourne en Afrique soi-disant pour ramener à Anseïs sa fiancée - ; mais, arrivé à la cour de

��1. Sec. Spiigita, p. 19 ; Aiism, v. 11020, 11 241. (*Ce fils joue un grand rôle dans la deuxième partie de Lion de Bonro-cs, voy. Herpin [Der îL'eis{e Rilter oder Gcschichle von Her^og Herpin von Bourges], p. 211 ss.]

2. Dans Aiiseis il l'a déjà ramenée sur son vaisseau, mais il l'a laissée

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