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ASSHLS DU CARlHAGIi Î77

pour qu'on puisse difficilement croire que le rédacteur italien, s'il avilit eu cette scène sous les veux, l'eût transformée en un vulgaire récit de séduction réciproque. Il est donc probable que, pour ce trait au moins, la version italienne nous représente la chanson originale française, dont le rédacteur n'avait pas éprouvé les scrupules que devait avoir le renouveleur, et cette constation nous invite à comparer dans leur ensemble les deux formes du récit.

Il y a d'abord dans la Seconda Spagiia beaucoup de traits qu'il taut sans hésiter attribuer au rédacteur italien, c'esi-à-dire, suivant toute probabilité, à Andréa da Barberino. La Seconda Spagna est intimement rattachée aux romans qui en forment la préface et la suite ; le début du récit en a même été détaché pour être inséré dans la Spagna ' ; un épisode de la fin est des- tiné à servir d'introduction aux Slorie Nerbonesi et se trouve rappelé en tête de ce roman. Le récit même a subi des modifi- cations d'un caractère cyclique : Isoré de Conimbres est devenu Isoré de Pampelune et a été identifié à l'Isoré, fils de Malceris de Pampelune, qui, dans la Spagna (d'après la seconde partie de fEntree de Spngne), se convertit au christianisme, en sorte qu'en se taisant ici par vengeance adorateur de Mahomet il change une seconde fois de religion. L'expédition de Marsile en Espagne est racontée de façon à être mise en relation étroite avtc les histoires narbonnaises : la plupart des villes qu'il prend, et dont le siège et la reddition sont rapportés avec une ennuveuse

��S'est gcntis feme ne de haute lignie, K'ele s'en voist, ke plus ne demort mie ; S'est camberiere, coie soit et tapie. Chele se taist et ii rois l'a baisie.

Anseïs, v. 704-1 3.

C'ubt donc à tort que M. Alton dit (p. 491) qu" <f on a là une imitation de CCS romans d'Arthur où les nobles demoiselles offraient souvent leur amour au premier chevalier venu ». L'imitation se rattache au contraire à plus d'un épisode de nos chansons de geste, et provient ici, comme on voit, directe- ment de l'une d'elles.

I. Vo_\'. ci-dessus, p. 173, n. 4.

(i. P.M<IS. — Moyen ngr. I2

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