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ijé l'Épopée

suivant les diverses rédactions, comme plus ou moins consen- tante, mais où la faute principale est toujours attribuée au roi. M. Alton (p. 495) pense qu'il n'est pas inadmissible que l'au- teur italien ait connu la tradition hispano-arabe, qui représents la fille de Julien comme séduite (ou même violée) et non comme séductrice. Mais cela paraît extrêmement invraisem- blable : quand même on aurait connu en Italie au xiV siècle la légende de la Cava, il est plus qu'improbable qu'on eût eu l'idée d'y reconnaître la source de l'histoire d'Anseïs et d'en rapprocher celle-ci. Il est bien plus naturel d'admettre que la rédaction italienne conserve en ceci l'état plus ancien du poème français. Il est certain en tout cas que celui-ci, tel que nous l'avons, nous représente une déviation de la tradition espagnole ; M. Alton le reconnaît^ tout en ne distinguant pas entre deux rédactions françaises. Il est clair qu'on peut parfaitement attri- buer cette déviation au renouveleur, et il n'est pas difficile de deviner ce qui la lui a suggérée : les chrétiens devant finale- ment triompher, il fallait que le droit fût autant que possible de leur côté, et pour cela il était nécessaire de réduire à sa plus faible dose la faute du roi Anseïs, ce qui aggravait d'autant l'odieux de la trahison d'Isoré. Le renouveleur s'est emparé, pour présenter Anseïs comme coupable à son insu d'offense envers Isoré, du moyen qu'avait employé l'auteur d'Ami et Amile pour excuser de même l'offense d'Amile envers Charle- magne : l'imitation est visible ', et l'épisode est assez piquant

��I. Cf. les passages :

Moût souavet s'est delez lui glacie... « Se tu iez famé espeuse noçoïe, Je te conjur de Deu le fil Marie, Ma douce amie, retorne t'en arrière ; Et se tu iez béasse ou chamberiere... Remain huimais o moi a bêle chiere... El ne dist mot, ainz est bien acoisie. Aiii. cl A)ii., V. 672-86.

Tout bêlement s'est jouste lui glachie... Puis le conjure de Deu le fil Marie,

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