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d'après un seul des manuscrits qui la contiennent '. La Seconda Spagna est bien probablement, dans sa dernière rédaction, l'œuvre de Fauteur des Reali di Francia, à'Aspromonte, de la Spagna et des Storie Nerboiiesi, Andréa da Barberino ; il n'est pas sans intérêt de la comparer au poème français corres- pondant, et cette comparaison, qui n'a pas encore été faite avec une attention suffisante, peut jeter quelque jour sur l'histoire même de ce poème et de la légende qui en fait le sujet.

On a reconnu depuis longtemps^ que le thème essentiel à'Anseh de Carthage présente une ressemblance frappante avec la légende ' qui rattache à une aventure d'amour la conquête de l'Espagne par les Arabes au commencement du viii^ siècle. Dans les deux récits un des principaux seigneurs d'Espagne (le comte Julien ou Isoré) est envoyé par le roi comme ambas- sadeur en Afrique; pendant son absence, sa fille est déshonorée par le roi ; à son retour il apprend l'outrage fait à son hon- neur, dissimule son ressentiment, mais, retournant en Afrique, en ramène les Sarrasins, et ruine sa patrie pour satisfaire sa ven-

��1. La Seconda Spagna e VAcquisto di Ponente lesti di lingua inediti del

sec. XIII (sic) tratti da un ms. deW Ambrosiana pet Antonio Ceruti, Bologna, Romagnoli, 187 1 {Scella di curiosità letterarie, CXVIII). — Dès 1835, Ranke avait signalé l'existence de la Seconda Spagna dans un manuscrit Albani à Rome ; d'autres manuscrits ont été indiqués depuis.

2. G. Paris, Hist. poét. de Cbarleinagne, 1866, p. 277, 494. En 1871, M. Ceruti, l'éditeur de la Seconda Spagna, qui ne connaissait pas alors mon livre, avait fait de son côté le même rapprochement entre le roman italien et la légende hispano-arabe dans l'Introduction, d'ailleurs fort peu raisonnable, de son édition (p. x, xxviii). M. Gautier, qui a cependant lu la p. 494 de mon livre, puisqu'il y relève une erreur (voy. ci-dessous, p. 175, n. i ), ne mentionne pas, dans la première édition de ses Épopées , le rapprochement qui en fait l'objet et, dans sa seconde édition (t. III, p. 639), l'attribue à Milà y Fontanals. Il a d'ailleurs mal compris un passage de la p. 190 de mon livre sur la Seconda Spagna, et me fait attribuer à ce roman ce que je n'attribue qu'à la Spagna ; il reproduit cette erreur dans sa seconde édition (III, p. 639, 640), bien qu'elle eût été relevée par M. Mussafia (voy. Alton, p. 497).

3. Je ne recherche pas ici si cette légende a quelque fondement historique. M. Alton, après Milà y Fontanals, a réuni les textes les plus importants pour cette question.

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